Le lien entre les émotions et la physiologie

Le lien entre les émotions et la physiologie
Le 4 janvier 2012, écrit par Don Quinn Dillon, first published in Massage Therapy Canada.

J’aimerais vous faire part de ma critique d’un livre qui, je pense, serait très utile pour les RMT. Alors que le Body Says No fournit de nombreuses études de cas sur la façon dont les émotions refoulées contribuent à des maladies chroniques et difficiles à traiter par le biais de la réponse au stress, des histoires réelles sont partagées sur des personnes atteintes de sclérodermie, de LED (lupus érythémateux systémique), de sclérose en plaques, de la maladie de Lou Gehrig, de cancer, de cancer du sein, de maladie d’Alzheimer, de syndrome du côlon irritable et d’autres pathologies.

L’auteur et médecin de Vancouver, Gabor Maté, déclare : “Le stress est une cascade compliquée de réponses physiques et biochimiques à de puissants stimuli émotionnels”. Il ajoute : “La maladie est une dysharmonie. C’est, plus précisément, l’expression d’une disharmonie interne”. La nouvelle science de la psycho-neuro-immunologie (PNI) établit la relation entre les sentiments refoulés distants et parfois inconscients et les manifestations physiologiques de la maladie.

Malgré des recherches approfondies impliquant les émotions dans la causalité de nombreuses maladies, les textes médicaux maintiennent une cause biologique de la maladie.

Les maladies auto-immunes sont une sorte de guerre civile, qui ravage les propres tissus de l’organisme. Pour un cas, Maté partage : “Peut-être que son corps faisait ce que son esprit ne pouvait pas faire : se débarrasser de l’attente implacable qui avait d’abord été imposée à l’enfant et qui s’imposait alors à l’adulte – plaçant les autres au-dessus d’elle-même”.

Pour ponctuer son propos, Maté déclare : “Quand on nous a empêchés d’apprendre à dire non, notre corps peut finir par le dire à notre place”.

S’inspirant des recherches de Hans Selye, Maté décrit la réponse au stress. Le stress est composé de trois éléments : le facteur de stress, l’interprétation du facteur de stress par l’organisme et la réponse. Lors d’études en laboratoire sur des rats exposés au stress, Selye a constaté une hypertrophie des surrénales, un rétrécissement des organes lymphatiques et des ulcères intestinaux. La littérature identifie le stress facilité par des sentiments : i) d’incertitude ; ii) de manque d’information ; et iii) de perte de contrôle.

Maté décrit les croyances communes partagées par les personnes atteintes de maladies chroniques, telles que “Il n’est pas juste que je sois en colère”, “Si je suis en colère, on ne m’aimera pas”, “Je suis responsable du monde entier” et “Je dois justifier mon existence/Je dois faire quelque chose”. Il explique le développement de la “compétence émotionnelle”, qui décrit la capacité à ressentir, la capacité à s’exprimer, la facilité à distinguer (le présent du passé) et la conscience du besoin réel d’aborder ses émotions de manière satisfaisante.

Lorsque l’organisme perçoit une menace – réelle, exagérée ou imaginaire – l’hypothalamus dans le tronc cérébral libère la corticolibérine. Cette hormone se déplace sur une courte distance jusqu’à l’hypophyse pour stimuler la libération de l’hormone adrénocorticotrope (ACTH). L’hormone adrénocorticotrope voyage via le sang vers les glandes surrénales, affectant le cortex surrénal. Ce lien fonctionnel entre l’hypothalamus, l’hypophyse et le cortex surrénal est appelé l’axe HPA, et constitue le “centre du mécanisme de stress de l’organisme”.

Une fois stimulé par l’ACTH, le cortex surrénal agit comme une glande endocrine et libère des hormones corticoïdes, dont le cortisol, souvent cité en référence. Le cortisol agit sur presque tous les tissus de l’organisme et joue un rôle clé dans la réponse de l’organisme au stress, il amortit la réaction du corps au stress et, par conséquent, la réaction du système immunitaire. Le cortisol a un effet ulcérateur sur les intestins et amincissant sur le tissu osseux. La réaction d’alarme, en plus de la taxation sur les systèmes hormonal, immunitaire et intestinal, affecte le cœur, les poumons, les muscles squelettiques ainsi que les centres émotionnels.
L’hypothalamus maintient une communication bidirectionnelle avec les centres cérébraux qui traitent les émotions ; c’est donc par l’axe HPA que les émotions exercent leur influence sur le système immunitaire.

UN PARADOXE
Dans le chapitre intitulé “Le pouvoir de la pensée négative”, Maté présente, de manière surprenante, qu’une continence positive peut en fait réduire notre durée de vie et qu’un examen auto-réfléchi de nos émotions sombres peut être utile et guérissant. Dans son chapitre, “La danse des générations”, il décrit comment la maladie peut provenir des comportements et des répressions des générations précédentes, filtrant et ayant un impact sur les générations suivantes. L’abandon proche décrit le parent physiquement présent mais émotionnellement absent.

Toutefois, Maté prend soin de ne pas rejeter la faute sur les parents ou sur le patient lui-même, et explique comment le faire est à la fois inutile et inexact. “La dynamique de la répression opère en chacun de nous. Nous sommes tous des renieurs et des traîtres pour nous-mêmes… lorsqu’il s’agit de santé ou de maladie, ce n’est qu’une question de degré et, aussi, une question de présence ou d’absence d’autres facteurs – comme l’hérédité ou les dangers environnementaux, par exemple – qui prédisposent également à la maladie”.

“En démontrant que la répression est une cause majeure de stress et un facteur significatif de maladie, je ne montre pas du doigt les autres qui “se rendent malades”. Mon but dans ce livre est de promouvoir l’apprentissage et la guérison, et non pas d’en rajouter au quotient du blâme et de la honte, qui existent déjà en surabondance dans notre culture”.

VUE D’ENSEMBLE SUR LE LIVRE
Le livre est écrit de façon poignante et douce, utilisant des études de cas et des concepts physiologiques – rédigés en termes profanes pour éviter d’être trop académiques – dans l’objectif de relier la relation causale entre la répression émotionnelle et la maladie.

Avec une utilisation libérale des études de cas pour donner un “vrai visage” à l’impact personnel du stress, Maté reconnaît que son livre peut être considéré comme fortement anecdotique. Toutefois, il étaye les études de cas par une explication approfondie et complète de la réaction au stress chronique et de la façon dont il peut proliférer sous diverses formes pathologiques (causant des maladies).

“Dans le cas où il existe un lien entre les émotions et la physiologie, ne pas en informer les gens les priverait d’un outil puissant”, fait remarquer M. Maté.

Le Dr Maté termine le livre par sept points visant à nous aider à prendre conscience de nos émotions, à être à l’écoute de celles-ci et à les exprimer efficacement. J’espère que vous lirez ce livre merveilleux et perspicace.


Don Dillon, RMT, est l’auteur de Massage Therapist Practice : Start. Sustain. Succeed. et du manuel d’autoformation Charting Skills for Massage Therapists. Il a donné des conférences dans sept provinces canadiennes différentes et plus de 60 de ses articles ont été publiés dans des publications de l’industrie du massage au Canada, aux États-Unis et en Australie. Don Dillon a reçu plusieurs prix de l’Ontario Massage Therapist Association et est l’un des membres fondateurs de Massage Therapy Radio www.massagetherapyradio.com. Son site web, www.MassageTherapistPractice.com , propose une variété de ressources pour les massothérapeutes.